404                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
ESPAGNE
Nous avons résumé, dans un chapitre précédent (page 237), ce qu'on sait de certain sur les premières manufactures espagnoles. Cest seulement au xvme siècle que des encouragements sérieux furent donnés, en Espagne, à l'industrie de la tapisserie. '
Madrid. — A un roi d'origine française, au petit-fils de Louis XIV, est due cette initiative. En 1720, Philippe V établit à Santa-Barbara, dans la casa del Abreviador, une manufacture consacrée d'abord exclusivement à la basse lice. Elle eut pour premier direc­teur un Anversois, Jacques van der Goten, dont la famille resta longtemps à la tête de l'entreprise que son activité avait singulière­ment contribué à faire réussir. La première œuvre de van dei' Goten existe encore à l'atelier de Madrid. Elle représente un mar­chand de volailles et porte la signature : H Iacobus van der Goten fecit Malthiti, 1721.
La haute lice ne tarda pas à faire son apparition dans l'éta­blissement de San ta - Barbara. Elle fut introduite par un Fran­çais, nommé Antoine Lenger, qui exécuta, en 1730, une copie du fameux tableau de Baphaël, la Vierge à la Perle. L'atelier de basse lice, de son côté, s'était mis à copier une Fête rustique, dans le goût de Teniers, et une Chasse au faucon. De la même époque datent aussi les Portraits de Charles III et de la reine, sa femme, conservés dans les appartements du palais de Madrid.
Séville. — Bientôt une fabrique vest fondée à Séville (1730) par André Procaccini, l'ancien directeur de la manufacture Saint­Michel, à Rome; van der Goten lui-même s'intéresse à son instal­lation. Mais elle 'succombe bientôt, après avoir commencé une copie de la Conquête de Tunis et l'exécution d'une Histoire de Télémaque, exposée aujourd'hui dans le palais de l'Escutïal. Les ouvriers de la fabrique de Séville trouvèrent un refuge dans la maison de Santa-Isabel, à Madrid.
Les principales productions de ces différents ateliers, à part la Conquête de Tunis et VHistoire de Télémaque, consistent en